Est-ce parce qu'ils ont toujours accompagné l'homme dans ses progrès, lui permettant de transformer la matière et les charger ensuite de son histoire, je n'en sais rien, mais j'aime les outils. Ils impliquent complètement le corps et l'esprit créateur dans toutes les étapes qu'impose cette discipline si particulière qu'est la gravure, sans possibilité d'en brûler aucune. Ils participent d'un travail rigoureux soutenu par la motivation, la passion, la patience qui font remonter à la surface des mondes souvent inattendus, et en quelque sorte, mérités. La pensée et l'acte créateur ont besoin de creuser et dépasser les choses car dessus ils tournent en rond et entraînent une vision réduite, parcellaire des mondes qu'ils sont par ailleurs susceptibles de faire remonter à la surface. C'est sans doute sa couleur bleuâtre et le côté humble du zinc qui me porte à travailler sa matière. Elle est souple et m'aide à la rendre malléable et s'offre facilement aux transformations que lui imposent mes nombreuses investigations à l'eau-forte afin d'en réduire son épaisseur, et la rendre aussi souple que les papiers que j'utilise pour les collages - comme celle qu'offre une toile de lin fin ou grossier pour le peintre.